vendredi 16 septembre 2011 à 21h
The Ghost Writer
de Roman Polanski
avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Cattrall
thriller | Etats-Unis | 2010 | 2h08 | couleurs | VOST
The Ghost, un « écrivain – nègre » à succès est engagé pour terminer les mémoires de l’ancien Premier ministre britannique, Adam Lang. Mais dès le début de cette collaboration, le projet semble périlleux : une ombre plane sur le décès accidentel du précédent rédacteur, ancien bras droit de Lang…
Ce film est l’adaptation du roman L’Homme de l’ombre de Robert Harris. À l’origine, Roman Polanski voulait adapter un autre roman de Robert Harris, Pompéi. Le studio Summit Entertainment est ensuite attaché au projet, qui est officiellement annoncé au Festival de Cannes 2007. Malgré cela, le film ne voit jamais le jour. Robert Harris envoie alors son roman L’Homme de l’ombre à Polanski, alors que le livre n’est même pas encore publié. Le réalisateur est immédiatement séduit et décide de l’adapter sur grand écran, avec Robert Harris lui-même comme co-scénariste.
« Notre méthode a consisté à écrire un premier jet, en nous inspirant des scènes et de la structure du livre, puis à le reprendre et à le retravailler sans hésiter, en supprimant des passages entiers et en essayant d’améliorer le rythme. Ce qui m’a frappé en travaillant avec Roman, c’est que j’ai eu le sentiment de réécrire mon livre. Certains éléments dans le film sont plus réussis que dans le roman. Le script est plus percutant. Si le film est plus fort que le livre, c’est entre autres parce qu’on ne quitte jamais cet univers de bord de mer, et cette atmosphère de ports et de plages à l’abandon.» Robert Harris.
Au début du lancement du projet, Nicolas Cage et Tilda Swinton y étaient associés, mais Kim Cattrall remplace ensuite Tilda Swinton dans le rôle de l’assistante de Lang. Nicolas Cage devait quant à lui tenir le rôle principal du nègre littéraire, mais déclina l’offre en raison d’un conflit d’emploi du temps avec le tournage de Benjamin Gates 3. C’est Ewan McGregor qui reprend le rôle du nègre, dont le nom n’est jamais prononcé dans le film. Pour l’acteur, c’était un honneur de travailler avec Roman Polanski : « Je m’attendais à ce qu’il me pousse à me surpasser, et c’est d’ailleurs ce que je souhaitais. Il donne toujours aux comédiens des commentaires inattendus qui les aident à incarner leurs personnages. Il vous fournit énormément de détails sur le rôle et vous explique quel regard vous devez porter sur le monde autour de vous, comment vous êtes censé vous déplacer, et à quoi ressemblent les décors. Je crois que c’est grâce à son sens du détail que les situations sont aussi vraisemblables. » Ewan McGregor
Pierce Brosnan incarne quant à lui Adam Lang, l’ancien Premier ministre britannique. Ce personnage rappelle à de nombreux égards Tony Blair, quoi que l’auteur nie formellement s’en être inspiré, puisque l’idée du scénario lui serait venue bien avant son élection : « Cela fait plusieurs années que j’ai le projet de L’Homme de l’ombre. Cela remonte sans doute à une quinzaine d’années avant que Tony Blair ne devienne Premier ministre. Ce qui m’intéressait vraiment, c’était l’idée d’un mensonge imaginé par un ancien dirigeant politique face à un homme censé rédiger ses mémoires. » Robert Harris
Le film marque également par la présence d’Eli Wallach, 93 ans à l’époque du tournage, dans le rôle du vieil homme de l’île de Martha’s Vineyard.
L’essentiel de l’action est censé se dérouler sur l’île de Martha’s Vineyard, sur la côte sud de la presqu’île du Cap Cod, dans l’État du Massachusetts aux États-Unis. En réalité, le tournage s’est déroulé en Allemagne (Berlin, Strausberg, Potsdam, Usedom, îles de Sylt et de Pellworm en mer du nord) ainsi que sur l’île de Rømø au Danemark.
La postproduction du film a été marquée par l’arrestation à Zurich de Roman Polanski le 27 septembre 2009, suite à une affaire de mœurs remontant à 1977.
« Un solide suspense dans lequel on retrouve un Polanski proche du style oppressant de Chinatown et de Frantic » Le Figaro
« Invitation à interpréter quantité de signes et d’indices, The Ghost Writer est donc un film de pure mise en scène. Un régal d’ambiguïté, d’ironie trouble, d’angoisse diffuse » Télérama
« Ce thriller séduit par son aspect ludique. Ce fond de politique contemporaine rend hommage aux classiques d’Alfred Hitchcock et de Fritz Lang » Positif
« Le meilleur film que nous ait donné Roman Polanski depuis longtemps » Le Monde
« Un suspense, magistralement orchestré par Roman Polanski, qui réussit un polar inquiétant, élégant, parsemé de quelques touches d’absurde et d’incroyables échos avec sa propre vie » Le Parisien
1 court métrage :
French Roast
de Fabrice O. Joubert
France | 2010 | Animation | 8’15
Scénario : Fabrice O.Joubert
Musique : Olivier Lliboutry
Production : Pumpkin Factory
Au moment de régler l’addition dans une chic brasserie Parisienne, un homme d’affaires guindé se rend compte avec horreur qu’il a oublié son portefeuille : comment va-t-il payer ?
Ce délicieux film français a été nommé en 2010 aux Oscars dans la catégorie « Film d’animation ».
vendredi 23 septembre 2011 à 21h
Rien de personnel
en présence (sous réserve) du cinéaste Mathias Gokalp
avec Jean-Pierre Darroussin, Denis Podalydès, Mélanie Doutey, Zabou Breitman…
comédie dramatique – France – 2009 – 1h31 – couleurs
La société Muller organise une réception à l’occasion du lancement d’un nouveau produit. Au cours de la soirée, on découvre qu’il s’agit en réalité d’un exercice de coaching pour les cadres de l’entreprise. Progressivement, les rumeurs sur le rachat prochain de la société vont bon train et chacun se retrouve à tenter de sauver sa place.
Sa petite entreprise
Pour parler de la vie en entreprise, domaine qui n’est pas sa spécialité, Mathias Gokalp n’a rien voulu laisser au hasard et s’est beaucoup documenté. D’abord de manière littéraire. Il s’est notamment appuyé sur La misère du monde de Pierre Bourdieu, Les carnets d’un inspecteur du travail de Gérard Filoche, et le film La Voix de son maitre de Nicolas Philibert et Gérard Mordillat. Puis au moyen de rencontres, avec des représentants syndicaux, des consultants chargés de restructuration, à qui il posait des questions et faisait lire le scénario en préparation.
Un film actuel
Même s’il est très ancré dans l’actualité, le film a été écrit bien avant la crise économique. « Déjà à l’époque, on licenciait à tour de bras, pour d’autres motifs. Les rapport sociaux décrits dans Rien de personnel sont ceux d’une économie de marché ; la croissance ou la décroissance ne changent pas vraiment les choses, même si la crise est un facteur aggravant de précarité. » explique le réalisateur.
Sources d’inspiration
Si Mathias Gokalp n’a pas pour habitude de tourner en référence à un film, quand il retrouve des situations traitées dans d’autres films, il les revoit pour s’en inspirer. Pour Rien de personnel, il a revu plusieurs œuvres d’Alain Resnais et Au feu les pompiers ! de Milos Forman : « J’aime énormément l’humour des films tchèques, la tendresse dans la description chronique d’un groupe ; je trouve leur traitement exemplaire ».
Gokalp à Cannes
Rien de personnel, présenté en ouverture de la Semaine de la Critique en 2010, n’est pas la première expérience cannoise du réalisateur. Son court métrage Le droit chemin avait déjà été présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2004. Il avait remporté le prix SACD.
Plusieurs parties pour un point de vue
Le film est divisée en plusieurs parties, chacune racontant la soirée à partir d’un protagoniste donné, mais sans se focaliser uniquement sur lui. Un moyen de « remettre en question le principe de subjectivité » comme le dit le réalisateur. Et de dénoncer une certaine cruauté de la vie en entreprise. « Dans le film, les personnages s’attribuent les uns les autres les causes de leurs malheurs, mais en réalité les places sont interchangeables et le malheur ne vient pas de l‘individu, mais du système dans lequel il évolue. » Pour Mathias Gokalp, il ne s’agit pas d’un cri d’alarme. Plutôt d’un point de vue sur la vie. « Au mieux, j’aimerais que ma façon de filmer ou de raconter des faits assez simples leur fasse perdre leur caractère d’évidence. Rien ne me déprime plus que le fatalisme du « c’est comme ça », « ça a toujours été comme ça « , et l’aveuglement qui s’ensuit. »
« Avec habilité et application, Gokalp fait évoluer le récit en répétant les mêmes scènes selon différents points de vue qui, additionnés, éclairent la démarche quant à la réalité coriace du monde du travail » Libération
« Un très bon divertissement, oscillant entre comédie et drame qui, dès les premières minutes, feinte le spectateur. Une sorte de jeu de piste sur pellicule » Brazil
« Construit sur le principe de la répétition des scènes, le premier film de Mathias Kogalp se révèle un jeu de manipulation virtuose » Le Nouvel Observateur
1 court métrage :
La vache qui voulait devenir un hamburger
de Bill Plympton
Animation | Etats-Unis | 2010 | 5’50
Réalisation : Bill Plympton
Scénario : Bill Plympton
Musique : Jackson Correy A.
Animation : Bill Plympton
Son : Jackson Correy A.
Interprétation : Biljana Labovic
Production : Annarita Zambrano / Plymtoons Studio
Séduite par la publicité, une vache se retrouve tragiquement entre les mains de bouchers et de carnivores.
Bill Plympton n’est pas végétarien mais son nouveau film pourrait nous inciter à le devenir et il n’a pas que cette vertu. The Cow Who Wanted to Be a Hamburger est le court métrage le plus abouti, le plus poétique, le plus symphonique de Bill Plympton. La texture et les couleurs du film nous font parfois penser aux tableaux animés de Georges Schwizgebel d’autant plus que, comme lui, Plympton propose une composition musicale adaptée à la narration du film. Toujours à l’affût des faux pas de ses semblables, il égratigne les industriels de la malbouffe tout comme les mirages du monde publicitaire.
vendredi 7 octobre 2011 à 21h
Incendies
de Denis Villeneuve
avec Rémy Girard, Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin
drame | Canada | 2011 | 2h03 | couleurs | VOST
A la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon Marwan se voient remettre deux enveloppes : l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l‘autre à un frère dont ils ignoraient l’existence. Jeanne voit dans cet énigmatique legs la clé du silence de sa mère, enfermée dans un mutisme inexpliqué les dernières semaines précédant sa mort. Elle décide immédiatement de partir au Moyen Orient exhumer le passé de cette famille dont elle ne sait presque rien…
Quatrième réalisation
Incendies est le quatrième long métrage de Denis Villeneuve. Avant cela, il a tourné Un 32 août sur Terre (1998), encensé par la critique et qui concourt en sélection officielle dans de grands festivals (Un certain regard à Cannes, Festival de Toronto et Telluride). Son deuxième film, Maelström, reçoit, quant à lui, vingt cinq prix à travers le monde. Emmené par une Marie-Josée Croze exceptionnelle, le film raconte comment une femme à qui tout réussit se trouve confrontée à la culpabilité après avoir fauché un passant. En 2009, sort sa troisième œuvre, Polytechnique qui relate les événements dramatiques qui se sont déroulés en décembre 1989 à l’école Polytechnique de Montréal : un jeune homme, Marc Lépine tue 14 personnes, toutes des femmes, dans une classe d’ingénierie clamant haut et fort qu’il abhorre les féministes.
D’après la pièce de Wajdi Mouawad
Incendies est une adaptation de la pièce de théâtre écrite par Wajdi Mouawad. Faisant partie d’une trilogie comprenant trois œuvres (Littoral, Incendies, Forêts), l’auteur y évoque la difficulté de l’exil, lui qui a été contraint d’abandonner le Liban alors qu’il n’avait que huit ans. La pièce, qualifiée de « texte monde » par Antoine de Baecque, a été encensée lors de sa parution. Le critique de théâtre ajoute : « Ce sera la pièce des débuts du XXIe siècle, celle d’une bouleversante quête initiatique, celle d’une odyssée des origines, celle des trajets et des migrations, celle du choc des cultures entre l’Occident et l’Orient, celle où se croisent la question de l’intime, du singulier, et les violences des guerres, des communautés malmenées par l’histoire ».
Carte blanche pour Denis
Alors qu’il assiste à la représentation de la pièce de Wajdi Mouawad, Denis Villeneuve a une révélation, les images sont tellement fortes et puissantes que germe l’idée d’une adaptation: « J’ai reçu le texte dans la figure et suis sorti du théâtre sur les genoux. Le texte d’Incendies est comme une partition d’un grand compositeur classique : il inspire directement des images fortes. » Par la suite, convaincre l’auteur n’a pas été difficile: « Wajdi a accepté de me « prêter » Incendies après avoir lu une cinquantaine de pages d’esquisse que je lui ai proposées. Il m’a fait le plus beau des cadeaux : celui de la liberté. » précise le réalisateur.
La facture du québécois
Le film oscille entre lyrisme et réalisme, il a fallu trouver un juste équilibre entre ces deux genres qui fondent l’esthétique du cinéaste: « J’ai opté pour la sobriété d’un réalisme cru, en conservant le facteur mythologique de la pièce à l’aide d’un travail sur la lumière naturelle et les ombres. L’émotion ne doit pas être une fin mais un moyen pour atteindre l’effet de catharsis désiré ». Pour corroborer l’effet de réel de certaines scènes, le cinéaste a souhaité travailler à la fois avec des acteurs professionnels et des amateurs, les directrices de casting ont largement contribué à la réussite de ces séquences: « Lara Atalla, la directrice du casting jordanien a eu envie d’approcher des réfugiés irakiens pour leur donner du travail. Ils ont beaucoup donné au film. Le défi a été de travailler sur les accents de tout le monde pour cibler un accent arabe de la région du Golan » rapporte le cinéaste.
Le premier rôle est attribué à… Maxim Gaudette
Si le casting des jumeaux s’est avéré laborieux ainsi que celui de Mélissa Désormeaux-Poulin qui interprète un des rôles principaux, celui de Jeanne Marwan, Denis Villeneuve a cherché partout celui qui pourrait jouer Simon, le frère de Jeanne pour finalement choisir Maxim Gaudette qui tient le rôle titre du tueur dans Polytechnique. L’acteur quasiment inconnu du grand public a également fait une apparition dans le film canadien Les 3 p’tits cochons.
Lubna Azabal en mère courage
L’actrice francophone aux origines espagnole et marocaine ose dès le début de sa carrière des films engagés : on la voit dans le thriller politique Paradise Now de Hany Abu-Assad en 2006. Avant cela elle a joué pour André Téchiné (Loin), Tony Gatlif aux côtés de Romain Duris dans Exils ou encore pour Ridley Scott dans Mensonges d’Etat. Denis Villeneuve raconte comment il a rencontré la jeune actrice : « J’avais vu Lubna Azabal dans Paradise Now de Hany Abu-Assad et Exils de Tony Gatlif. C’est Constance DeMontefoy, la directrice de casting de Paris qui m’a suggéré de la rencontrer. C’est une comédienne extraordinaire qui possède naturellement la force, le feu sacré de Nawal. Lubna est Nawal ».
Vu par Antoine de Baecque
Antoine de Baecque, toujours, a également vu le film du québécois. Le pari d’une adaptation était risqué compte tenu de la grande valeur littéraire de l’œuvre initiale. Pari tenu ? « La puissance universelle de cette écriture exigeait cette confrontation autant que cette fusion avec le cinéma, et ses manières, souvent très différentes, de visualiser, de monter, d’incarner les histoires. Denis Villeneuve a tenté ce pari, et le relève avec sa propre personnalité, celle d’un des cinéastes québecquois les plus talentueux de sa génération ».
Ici ou ailleurs
La pièce ne fait aucune mention d’un lieu précis où se déroule l’intrigue, on sait juste qu’il s’agit d’un pays du Moyen-Orient. On peut supposer que l’histoire se passe au Liban, le pays natal du dramaturge mais d’autres interprétations sont possibles et le doute n’y est pas fortuit. C’est pourquoi Denis Villeneuve décrit ce texte comme « un champ de mines historiques ». Le tournage s’est finalement déroulé en Jordanie mais le réalisateur a respecté le flou inaugura l: « Beyrouth ou Daresh ? Cette question m’a hanté durant toute l’écriture du scénario. J’ai finalement décidé de faire comme la pièce et d’inscrire le film dans un espace imaginaire comme Z de Costa Gravas afin de dégager le film d’un parti pris politique. Le film traite de politique mais demeure aussi apolitique. »
« Incendies démontre une belle puissance de récit, et une maestria de mise en scène dont on ressort le cœur tout étourdi » Les Inrockcuptibles
« Le Québécois Denis Villeneuve a transformé la pièce de son compatriote Wajdi Mouawad en une enquête tendue à l’extrême, où le destin de Nawal, mère donc, mais aussi terroriste et prisonnière de guerre, s’éclaire au gré de retours en arrière à la violence fulgurante » Télérama
« Ce drame, traversé par les déchirures de la guerre, dans un pays qui ressemble au Liban, se mue en quête identitaire quasi initiatique d’où surgissent les fantômes du passé. On en sort bousculé par la dureté des faits, et captivé par la force du récit » Le Parisien
1 court métrage :
The sick boy and the tree
de Paul Jaeger
Animation | France | 2009 | 3’52
Réalisation : Paul Jaeger
Scénario : Paul JaegerImage : Paul Jaeger
Montage : Paul Jaeger
Animation : Paul Jaeger
Interprétation : Simon Wells
Production : Barnum Films
Un jeune garçon malade s’accroche à son dernier espoir…
L’espoir ne serait-il qu’une illusion ? S’il est difficile de répondre à ce vaste questionnement philosophique en quelques lignes, Paul Jaeger donne quelques pistes de réflexion dans ce court métrage d’animation en volume, adapté d’une nouvelle écrite par son père, soulignant que certaines illusions sont parfois des nécessités vitales pour l’Homme, lui permettant de supporter l’existence et d’affronter ses épreuves. Doté d’une narration en rimes et en anglais, ce conte évoque le premier court métrage de Tim Burton, Vincent, une autre ode à l’imaginaire et au rêve.
vendredi 21 octobre 2011 à 21h
Les amours imaginaires
de Xavier Dolan
avec Monia Chokri, Niels Schneider et Xavier Dolan
comédie dramatique | Québec | 2010 | 1h35 | couleurs
Francis et Marie, deux amis, tombent amoureux du même garçon : Nicolas. Leur trio va rapidement se transformer en relation malsaine où chacun va tenter d’interpréter à sa manière les mots et gestes de celui qu’il aime…
Cannes 2010
Après avoir remporté trois prix à la 41ème Quinzaine des Réalisateurs avec son précédent film J’ai tué ma mère, lors du Festival de Cannes 2009, Xavier Dolan est sélectionné dans la catégorie Un Certain regard au Festival de Cannes 2010 pour son deuxième film Les Amours imaginaires.
Coup de cœur du Festival, ce dernier a reçu le prix « Regards jeunes » », en marge de la compétition.
Rien n’est jamais perdu
A l’origine, le long métrage Les Amours Imaginaires n’était pas prévu au programme de Xavier Dolan. Son deuxième film devait être tourné en octobre 2009 mais a été annulé, faute d’argent et de temps. « La perspective de ne rien faire pendant un an m’horrifiait, et l’automne montréalais étant fécond en tournages de films, j’étais taraudé par d’incessants panneaux annonçant je-ne-sais-plus-quels plateaux de cinéma », explique le réalisateur.
L’écriture du film
La frustration de ne pouvoir travailler pendant près d’un an pousse Xavier Dolan à écrire un scénario dans l’urgence. Il commence à rédiger les premières lignes des Amours Imaginaires pendant son voyage en train pour le Festival de Toronto : « Devant le défilé irisé du Lac Ontario, je sortis mon ordinateur et écrivis le scénario des Amours Imaginaires. Je le peaufinai pendant le Festival et sur la route du retour. Revenu à Montréal, j’avais entre les mains mon deuxième long-métrage ».
Une œuvre à part entière
Pendant le tournage, le réalisateur Xavier Dolan avait peur que Les Amours Imaginaires ne soit comparé ou considéré comme une suite à son premier film. Mais « comme par magie, comme si l’inconscient collectif du plateau avait voulu m’éviter l’écueil de la redondance, Les Amours Imaginaires se distingua de lui-même de fil en aiguille, imposant sa voix, son âme et sa couleur propres ».
Multiples talents
Comme pour son précédent film J’ai tué ma mère, Xavier Dolan occupe plusieurs postes clés : il y est scénariste, producteur, réalisateur et acteur tenant l’un des rôles principaux. Le cinéaste est aussi devenu créateur des costumes pour Les Amours Imaginaires.
« Dolan brûle d’un feu adolescent, d’une effronterie qui semble constamment nous mettre au défi de le détester. Il filme en poète, et il y a dans son cinéma, une urgence, un aplomb, une fraîcheur qui en font un objet volatil, aussi fragile que précieux. Ce cinéma-là n’est pas jeune : il EST la jeunesse ! » Première
« Le film est une irrésistible mosaïque de couleurs et de mélodies qui exacerbent tous les sens, une superbe étoffe soyeuse et chamarrée » Les Inrockuptibles
« Des audaces et un style bluffant, avec des surprises à chaque plan, une voix singulière et une gravité propre à la confusion des sentiments » La Croix
« Inutile de résister, il faut laisser ce vénéneux traité de l’incompétence sentimentale parfumer les âges perdus de nos amours imaginaires » Cahiers du Cinéma
« Un ravissant bijou pop qui se consomme avec un plaisir gourmand et accrédite l’idée que Dolan aurait les moyens de ses ambitions » Le Monde
« Ralentis chics à la Wong Kar-wai, acteurs filmés de dos comme chez Gus Van Sant, couleurs almodovariennes : Xavier Dolan réussit l’alchimie de ces emprunts revendiqués en imposant un style bien à lui, désinvolte et sophistiqué » Télérama
1 court métrage :
Reulf
de Charles Klipfel, Jean-François Jego
et Quentin Camicelli
France | Animation | 2009 | 4′
Réalisation, scénario, image, montage et animation : Charles Klipfel, Jean-François Jego et Quentin Camicelli
Son : Olivier Mellano / Robert Le Magnifique
Production : Charles Klipfel, Jean-François Jego et Quentin Camicelli
Dans un Paris en noir et blanc, de petites créatures avec des pinceaux décident de repeindre la ville…
Présenté au Festival de Clermont-Ferrand, ce petit bijou de l’animation est un réel plaisir pour les yeux.
vendredi 4 novembre 2011 à 21h
Douze hommes en colère
de Sidney Lumet
avec Henry Fonda, Martin Balsam, John Fiedler
drame | Etats-Unis | 1957 | 1h35 | noir et blanc | VOST
Aux États-Unis, un jury de douze hommes doit statuer, à l’unanimité, sur le sort d’un jeune accusé de parricide. S’il est jugé coupable, c’est la mort qui l’attend. Onze jurés le pensent coupable. Seul l’un d’eux, sans être certain de l’innocence de l’accusé, a de sérieux doutes. Il expose fermement ses doutes et les failles de l’enquête. Il s’oppose à ce qu’une décision engage la vie d’un homme sans que ses fondements soient certains. Il fait réfléchir les autres jurés pour que le doute, s’il est certain, bénéficie à l’accusé.
Premier long métrage de Sydney Lumet, Douze hommes en colère est un film assez unique en son genre : ce huis clos étouffant nous montre le fonctionnement de la justice comme on ne l’a jamais vu. La réussite du film doit beaucoup à l’excellent scénario de Reginald Rose, scénario qui avait été rodé par une adaptation télévisuelle deux ans auparavant.
Sydney Lumet était jusqu’alors un réalisateur de télévision et il a su ainsi s’adapter au budget réduit et à l’unité de lieu. Douze hommes en colère est en effet le huis clos le plus célèbre du cinéma : à part la première et la dernière minute, tout le film se déroule dans une seule pièce, petite et sans attrait, en temps réel, sans ellipse ni flashback.
Le propos est assez fort car le film nous démontre la faillibilité du système, la fragilité des témoignages et l’influence des préjugés de toute nature, qu’ils soient généraux ou personnels. Le film nous interpelle : quels peuvent être, dans ce contexte, les fondements d’une conviction ? Au-delà de sa forme et de son contenu, ce qui donne à Douze hommes en colère toute sa force, c’est aussi son atmosphère : la chaleur accablante de cette journée orageuse semble traverser l’écran pour venir jusqu’à nous. Pour ce faire, Lumet utilise les gros plans avec une certaine habilité. Il joue également beaucoup avec la hauteur de caméra pour donner ou non de l’intensité aux discussions. S’il fut un peu ignoré à sa sortie américaine, Douze hommes en colère a peu à peu acquis le statut de film-étalon de son genre.
Plusieurs versions de Douze hommes en colère
Twelve angry men de Franklin J. Schaffner (TV, 60 mn, 1954) avec Robert Cummings dans le rôle principal.
12 angry men de William Friedkin (TV, 1997) avec Jack Lemmon
12 de Nikita Mikhalkov (2007)
Anecdotes
Contacté par United Artists pour tenir le rôle principal, Henry Fonda a accepté d’être également producteur après avoir visionné la version TV. C’est lui qui a engagé Sydney Lumet. Il s’agit du seul film produit par Henry Fonda.
Henry Fonda a fait répéter tout le monde pendant deux semaines comme s’il s’était agi d’une pièce de théâtre. Le tournage en lui-même n’a duré que 17 jours. Le budget final s’est établi à $340.000 ! Un budget ridicule pour un film de cinéma.
Si le film se déroule en temps continu, le tournage fut fragmenté. Pour limiter les déplacements d’éclairage, et donc les coûts, les plans d’un même côté de champ furent regroupés pour être tournés et ainsi de suite.
Henry Fonda raconte dans ses mémoires qu’il avait l’intention de sortir le film dans une petite salle new yorkaise et compter ensuite sur le bouche à oreille. United Artists a voulu qu’il en soit autrement et le film est sorti au Capitol Theater de 4600 places. Au premier jour, seuls les quatre ou cinq premiers rangs étaient remplis. Le film fut enlevé de l’affiche au bout d’une semaine. Quelques mois plus tard, le film gagna l’Ours d’Or à Berlin et sa notoriété grandit ensuite.
« Avec plus de cinquante ans au compteur, Douze hommes en colère reste un moment saisissant de cinéma » Libération
« Chef-d’œuvre : un scénario brillant, une mise en scène inspirée et des acteurs au sommet de leur art » Score
1 court métrage :
Tragédie Grouick
de Matthieu Van Eeckhout et Mark Eacersall
Animation | France | 2009 | 7’42
Réalisation : Matthieu Van Eeckhout | Mark Eacersall
Scénario : Mark Eacersall | Matthieu Van Eeckhout
Musique : Thierry Malet
Animation : Matthieu Van Eeckhout
Son : Samy Barbet
Interprétation : Michèle Muller
Production : Avalon Films
Pas facile de se renouveler quand on n’a aucun talent.
En 2004, Matthieu Van Eeckhout se faisait remarquer avec Petite routine, court métrage primé dans de nombreux festivals, mettant en scène une étrange créature, sorte de diable en boîte à la langue bien pendue ! Avec Mark Eacersal, il anime dans Tragédie Groucik un taciturne boucher ventriloque et sa marionnette, un cochon interprété par l’humoriste Michel Muller, aux ressources comiques inépuisables. Le duo peine à trouver un auditoire et multiplie les déconvenues dans le monde cruel du show-business pour notre plus grand plaisir ! Dans un univers visuel proche de celui de Caro et Jeunet, période Delicatessen, les jeunes réalisateurs portent un regard acide et néanmoins plein d’humour sur la création.
vendredi 18 novembre 2011 à 21h
Pina
de Wim Wenders
avec Pina Bausch, Regina Advento, Malou Airoudo
documentaire musical | France / Allemagne
2011 – 1h43 – couleurs
C’est un film dansé, porté par l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal et l’art singulier de sa chorégraphe disparue à l’été 2009.
Les images de Wim Wenders nous convient à un voyage au cœur d’une nouvelle dimension, d’abord sur la scène de ce légendaire Ensemble, puis hors du théâtre, avec les danseurs, dans la ville de Wuppertal et ses environs – cet endroit dont Pina Bausch a fait son port d’attache durant 35 ans et où elle a puisé sa force créatrice.
Du documentaire à l’hommage
Alors que Wim Wenders prépare depuis six mois déjà le tournage de ce documentaire avec Pina Bausch, la chorégraphe meurt soudainement en août 2009, deux jours avant le premier essai en 3D (le film est également visible en relief). Après avoir envisagé d’annuler son projet, le réalisateur décide, soutenu par la troupe, de le reprendre entièrement pour en faire un film « pour Pina Bausch ».
Le tournage de Pina s’est fait en deux temps. D’abord, fin octobre 2009, des chorégraphies sur scène de l’artiste (sur des œuvres musicales célèbres comme Le Sacre du printemps de Stravinski) ont été filmées en public à la fin de la tournée mondiale de la troupe. La 3D et le direct posant de grandes difficultés (il n’était pas possible d’interrompre les prises à la demande), la préparation en amont dut être intensive.
Lors de la deuxième période de tournage, mi-avril 2010, l’équipe a filmé « Kontakthof », une des pièces de jeunesse de Pina Bausch, cette fois sans public. Wenders a filmé ce classique dans trois différentes distributions conçues par Pina Bausch l’une avec les danseurs habituels de la chorégraphe, une autre avec des hommes et des femmes de 65 ans et plus, et la troisième avec des adolescents. Ça n’est qu’après que la production a quitté l’espace limité du théâtre : les solides danseuses et danseurs ont été mis en scène dans des lieux publics, dans des paysages industriels, dans les grands espaces naturels du Bergisches Land et dans le monorail suspendu de Wuppertal. Sur le plan technique, ce deuxième tournage a été rendu possible grâce à un système de steadycam compact en 3D conçu spécialement pour le film.
Petite histoire de Pina Bausch
La chorégraphe Pina Bausch arrive à la tête de la danse au sein des théâtres de Wuppertal lors de la saison 1973-1974. Immédiatement, les réactions fusent par rapport à ce mélange de théâtre et de danse qu’elle a élaboré. Sur scène, ce ne sont pas que des danseurs que l’on observe puis que les interprètes parlent, chantent, parfois rient ou pleurent. Mais après la polémique, son travail est reconnu et finit par s’imposer. Et s’exporter même, la danse-théâtre devenant un genre en soi qui saura influencer des chorégraphes du monde entier, allant jusqu’à se ressentir dans le ballet classique et le théâtre.
Pendant plus de 36 ans, Pina Bausch a imprimé sa marque à Wuppertal. Elle a créé une œuvre qui pose un regard intègre sur la réalité et nous donne en même temps le courage d’assumer nos souhaits et nos désirs. Son « Ensemble », riche de personnalités fortes et singulières qui ont eu le temps de bien comprendre la chorégraphe, tentera de garder ce cap à l’avenir.
Des thématiques universelles
La force de l’œuvre de Pina Bausch vient du fait qu’elle a toujours pris pour thème central un besoin universel : le besoin d’amour, de chaleur humaine et de protection. Elle élabora une méthode de travail ouverte qui pouvait intégrer les influences culturelles les plus diverses. Au gré d’excursions poétiques sans cesse renouvelées, elle a cherché ce qui nous rapproche de notre besoin d’amour et ce qui nous en éloigne. Ses pièces dansées se veulent un « théâtre du monde », qui ne prétend pas faire la leçon au spectateur, mais qui met en œuvre des expériences : des expériences heureuses ou tristes, douces ou conflictuelles, et souvent aussi étranges ou grotesques. Ce sont des scènes mouvantes et émouvantes de paysages intérieurs, qui explorent avec la plus grande précision ce qu’il en est des sentiments humains, sans jamais abandonner l’espoir que le besoin d’amour puisse être satisfait. L’espoir est l’une des clés de cette œuvre tout autant que la proximité avec le réel, car les pièces se rapportent toujours à quelque chose que tout spectateur connaît et dont il peut faire l’expérience dans sa propre vie.
Une émotion profonde
Les spectacles de Pina Bausch ont eu un véritable effet sur Wim Wenders qui le raconte avec émotion: « Au bout de quelques instants j’avais déjà une boule dans la gorge et après quelques minutes d’un incroyable étonnement, j’ai simplement laissé libre cours à mes sentiments et je me suis mis à chialer sans retenue. Cela ne m’était encore jamais arrivé ».
Un projet de longue date
L’amitié de Wim Wenders et Pina Bausch avait vingt ans, et leur envie de travailler ensemble sur un « film dansé » était presque aussi ancienne. Mais les limites du cinéma empêcha le cinéaste d’obtenir l’impression qu’il désirait et le projet fit long feu. Il devint même sujet de plaisanteries entre les deux artistes. C’est l’arrivée de la technologie 3D numérique qui a apporté au réalisateur le langage esthétique capable rendre à l’écran la plasticité singulière de la danse-théâtre de la chorégraphe. Et c’est en voyant le concert filmé en 3D numérique U2 3D du groupe irlandais U2 (dont le leader Bono est aussi un ami de Wenders, le réalisateur réalisant même The Million Dollar Hotel d’après un scénario du chanteur) qu’il s’aperçoit du potentiel de cette technologie.
« Pas d’histoire, pas d’explications, juste la danse torrentielle, surtout celle joyeuse des dernières années, magnifiquement filmée » Le Figaro
« Pina n’est pas un spectacle de Pina Bausch, c’est un film, à la loupe, un hommage à celle dont Wenders se sent si loin, si proche. A celle qui n’avait pas son pareil pour magnifier les faux mouvements. Celle avec laquelle il partageait l’obsession du temps, l’obsession d’égrener les cérémonies qui perdurent au fil du temps » Le Monde
« Outre la qualité des tableaux qui défilent sans se ressembler, c’est une véritable émotion qui transpire de ce film, de celle qui vous font pleurer ou sourire » Brazil
« On sort de ce film-hommage bouleversé, et en ayant l’impression d’avoir approché d’un peu plus près un langage inconnu de nous, mais si proche » Elle
1 court métrage :
Masques
de Jérôme Boulbès
Animation | France | 2009 | 7’35
Réalisation : Jérôme Boulbès
Scénario : Jérôme Boulbès
Image : Jérôme Boulbès et Alexandre DuboscMontage : Marc Boyer
Musique : Michel Korb
Animation : Gilbert Louet etAlexandre Dubojc
Son : Christine Webster et Adam Wolny
Production : Lardux Films
Deux masques se font face sous une multitude de regards inquiétants. Un signal est donné, commence alors une danse, un combat rituel.
Saura-t-on jamais si Jérôme Boulbès fût tenté de titrer sa dernière création Danse avec les loups (comme synonyme de masque) ? Il s’agit pourtant bien ici de chorégraphie, de masques et demi-masques. Ce combat tribal puise également son inspiration dans le western spaghetti en remettant au goût du jour les célèbres gros plans sur les yeux, les contre-plongées vertigineuses ou les visions subjective et ce jusqu’à l’agonie théâtrale et forcément interminable du vaincu. Tout en s’amusant de ces codes et des contraintes du genre, le réalisateur soigne, comme à son habitude, la bande son ainsi que l’esthétique des personnages et des décors. Masques est un ballet épuré de la vie et de la mort, dans lequel le spectateur ne sait plus s’il se trouve au fantasmagorique carnaval de Venise ou dans les arènes meurtrières du cirque de Rome.
vendredi 9 décembre 2011 à 21h
avec Amnesty International
Women without men
de Shirin Neshat
avec Shabnam Tolouei, Arita Shahrzad, Pegah Ferydoni
comédie dramatique | Iran | 2011 | 1h35| couleurs | VOST
Lion d’Argent de la meilleure mise en scène au 66ème Festival International du cinéma de Venise 2009.
- Dans un climat de troubles politiques et sociaux, sur fond de coup d’état, quatre femmes iraniennes issues de classes sociales différentes se trouvent réunies pour plusieurs jours.
Fakhri, la cinquantaine, est prisonnière d’un mariage malheureux et en proie à ses sentiments pour un ancien amour fraîchement revenu des États-Unis. Zarin est une jeune prostituée qui, prise d’hallucinations, réalise anéantie qu’elle voit soudainement ses clients sans visage.
Munis, jeune femme dotée d’une conscience politique, doit résister à la réclusion imposée par son frère, un traditionaliste religieux, tandis que son amie Faezeh reste aveugle aux troubles qui envahissent les rues et rêve uniquement d’épouser le frère autoritaire de Munis.
Alors que l’agitation prend de l’ampleur dans les rues de Téhéran, chacune de ces femmes va tenter de se libérer de son tourment, au moment où l’histoire de leur pays prend un tournant tragique…
En leur mémoire
Women without men est dédié à tous les Iraniens décédés qui ont combattu pour que l’Iran soit un pays libre et démocratique, depuis la Révolution Constitutionnelle qui date de 1906 au Mouvement Vert de 2009 (qui fait suite aux dernières élections présidentielles iraniennes).
Neshat, artiste vidéaste et photographe
Shirin Neshat est avant tout une photographe et artiste vidéaste. Depuis plus de 10 ans, elle réalise des installations vidéo sur des sujets très différents comme les rapports entre hommes et femmes, le dogmatisme religieux ou l’autodétermination culturelle. Elle a tourné aussi quelques bandes vidéo dont Turbulent (1998) qui a remporté le Lion d’Or à la 48ème Biennale de Venise. Ses œuvres ont été exposées notamment à Paris, New York, Athènes, Londres, Amsterdam, Berlin, et Montréal. Son travail est boycotté par le régime iranien. Women Without Men est son premier long métrage en tant que réalisatrice et n’échappera pas à la censure dans son pays.
Shahrnush Parsipur
A l’origine, Women Without Men est l’adaptation d’un livre éponyme écrit par Shahrnush Parsipur, une des plus célèbres auteures iraniennes de l’époque contemporaine. Parsipur a subi plusieurs années d’emprisonnement et a dû ensuite s’exiler aux États-Unis. La nouvelle a été interdite en Iran depuis sa publication. L’écrivaine apparaît en outre au début du film sous les traits d’une mère maquerelle.
Neshat, Parsipur : même combat
Shahrnush Parsipur est une romancière que Shirin Neshat admire beaucoup. Cela fait longtemps que la réalisatrice voulait adapter Parsipur à l’écran: « Son imagination et le style surréaliste de son travail me fascinent et se prêtent par ailleurs parfaitement à la forme très visuelle, que je voulais pour mon film ». Quant au livre Women Without Men, il est pour Shirin Neshat à la croisée de plusieurs thématiques : la réalité sociopolitique, le dogmatisme religieux, les événements historiques et les émotions humaines. La cinéaste est donc allée rendre visite à Parsipur en Caroline du Nord et des liens étroits se sont aussitôt créés. Le travail d’adaptation s’est ainsi effectué en toute symbiose.
Années mouvementées en Iran
Le film se déroule en 1953. Durant cette année-là, l’Armée Britannique et la CIA orchestrent un coup d’État en Iran. Leur objectif est de faire chuter le Premier Ministre de l’époque, le Docteur Mohammad Mossadegh ainsi que son gouvernement élu par les voies démocratiques, et de garder le contrôle sur l’exportation du pétrole. Après cette opération militaire, le Shah, allié des forces occidentales, a la mainmise sur l’ensemble du pays. Il transforme l’Iran en un régime dictatorial. Il va même jusqu’à créer une police secrète, la Savak, pour empêcher toute forme de contestation. Le Shah sera lui-même renversé durant la Révolution Islamique de 1979. Le gouvernement de Mossadegh, qui a duré seulement le temps d’un été, a été le premier mais aussi le dernier à être élu de manière démocratique.
Sujet tabou
Lorsqu’on lui évoque l’histoire de son pays et les révoltes de 1953, Shirin Neshat décrit l’impact que cela a eu sur sa famille: « Il était devenu presque tabou de parler ouvertement du coup d’Etat et je me souviens difficilement avoir entendu ma propre famille débattre du sujet, ou même raconter ce qu’il s’était passé. J’ai appris après coup que plusieurs de mes amis et de mes relations proches étaient sympathisants du Docteur Mossadegh et ex-communistes, mais qu’ils n’osaient pas en parler ».
« Rares sont les œuvres qui convoquent d’emblée autant d’intelligence et de poésie, proposant un voyage à la fois ancré dans la réalité d’un coup d’État et un onirisme savant et délicat, digne des grands contes persans » La Croix
« Women without Men exprime la beauté sensuelle et douloureuse du monde » Positif
« C’est un film qui frappe par son esthétisme. Où tout est fait pour intriguer et plonger le spectateur dans une atmosphère aux frontières de l’expérimental et au cœur d’un cinéma empreint de poésie » L’Express
« Le résultat est beau, poignant, et touche juste » Le Nouvel Observateur
1 court métrage :
Le trop petit prince
de Zoia Trofimova
Animation | France | 2001 | 7′
Réalisation : Zoia Trofimova
Scénario : Zoia Trofimova
Image : Zoia Trofimova
Montage : Hervé Guichard
Musique : Evgeni Galperine
Son : Gérard Labady
Production : Folimage Valence Production
Un petit homme maniaque s’évertue avec ténacité et par tous les moyens possibles, à nettoyer les tâches du soleil…
Ce film a été réalisé dans le cadre de la résidence permanente du studio Folimage pour réalisateurs européens de films d’animation. Il permet de découvrir avec bonheur un auteur russe, la réalisatrice Zoia Trofimova, formée à l’Institut du Cinéma de Moscou. Elle offre aux grands et petits un conte drôle aux couleurs pastel dont la touche très personnelle rappelle la formation originelle de la réalisatrice à l’Ecole des Beaux Arts de Ekaterinbourg.
vendredi 13 janvier à 21h
Soul Kitchen
de Fatih Akin
avec Adam Bousdoukos, Moritz Bleibtreu et Birol Ünel
comédie | Allemagne | 2010 | 1h39 | couleurs | VOST
Zinos, jeune restaurateur à Hambourg, traverse une mauvaise passe. Sa copine Nadine est partie s’installer à Shanghai, les clients de son restaurant, le Soul Kitchen, boudent la cuisine gastronomique de son nouveau chef, un talentueux caractériel, et il a des problèmes de dos !
Zinos décide de rejoindre Nadine en Chine, et confie son restaurant à son frère Illias, fraîchement sorti de prison. Ces deux décisions se révèlent désastreuses…
« Une parenthèse enchantée avec cette comédie généreuse, chaleureuse, où pointe une vision de la famille, subie ou choisie, bien dans l’air du temps. Au final, Soul kitchen demeure anecdotique mais les acteurs ont du chien, la bande originale déménage et on s’amuse beaucoup ». Le Parisien
« Nous retrouvons le sens de l’hospitalité d’Akin, son humour, ses idées réconfortantes sur la vie, l’amour, l’engagement, l’attachement, la tolérance, le pardon, le rêve, la musique… » Brazil
« La plus rock’n’roll des comédies de mœurs dans une ambiance underground survoltée par une sacrée bande originale. La mélancolie parcourt la colonne vertébrale de ce film à la fois revigorant et grinçant ». Paris-Match
Le mot de la fin…
Fatih Akin : « Je voulais faire un film sur le sentiment d’être chez soi, qui n’a rien à voir avec la nationalité, le fait d’être allemand ou turc, ni même un endroit particulier? C’est un mode de vie, un état d’esprit. »
Permis de filmer
Dans les années 90, un club du nom de Soul Kitchen existait à Hambourg. S’il a aujourd’hui disparu et bien qu’il n’ait pas véritablement de rapport avec le film, Fatih Akin a tout de même dû demander la permission pour utiliser son nom.
Petite pause
Après Head on et De l’autre côté, le réalisateur souhaitait se reposer un peu en réalisant un film plus léger comme Soul Kitchen : « Avec ce projet, j’étais censé faire quelques gammes et me rappeler que la vie n’est pas faite que de douleur et d’introspection. Je voulais m’accorder une petite pause avant de me frotter au diable, ce qui ne sera sûrement pas une partie de plaisir ! »
Formation au « Canard »
Pour se préparer à son rôle de cuisinier, Birol Ünel a pris des cours auprès d’Ali Güngörmüs, chef renommé du restaurant « Le Canard » à Hambourg.
Ne pas forcer le spectateur
« Nous ne voulions pas que le public soit obligé de rire », explique Fatih Akin. « Pas de couleurs trop criardes, de voix-off bruyante ou stridente ; il fallait éliminer tout le superflu, parce que malgré ses éléments comiques, le film parle d’une rupture amoureuse. Les vêtements et les décors sont dans des tons discrets. Nous voulions que le film ait l’air d’une tragédie, sans pour autant tamiser l’éclairage. »
Paul Thomas Anderson et Scorsese
Pour la mise en scène et les placements de caméras, Fatih Akin avoue s’être inspiré de Boogie Nights et des Affranchis.
Histoire vraie ?
Les terribles douleurs dorsales qui gâchent le quotidien de Zinos dans le film sont inspirées par un épisode de la vie de Fatih Akin : « À la fin du montage de Head on, j’ai moi-même souffert d’une hernie discale, explique-t-il. Et j’ai fait ce que fait Zinos, je suis allé voir le « broyeur d’os » de Hambourg. Il existe vraiment ! C’est mon père qui m’a envoyé le voir, et il a réussi à remettre mon bassin en place en utilisant exactement la même méthode que dans le film. Mon orthopédiste allemand n’en revenait pas : « Mais comment vous avez fait un truc pareil ? C’est impossible ! ».
Un projet de longue date
Fatih Akin a commencé à écrire Soul Kitchen en 2003, alors qu’il essayait simplement un nouveau logiciel de traitement de texte. : « Adam et sa copine venaient de se séparer, et donc je me suis mis à taper : « Adam a le cœur brisé, son restaurant ne tourne pas très bien. » Rapidement, je me suis retrouvé avec 20 pages de scénario, et j’ai fini une première version en cinq jours. C’est à ce moment-là que j’ai reçu l’Ours d’Or pour Head on. Suite à ça, je trouvais que Soul Kitchen manquait d’envergure. Je n’arrivais pas à me libérer de la pression qui vous tombe dessus après un tel succès. Il nous fallait un nouveau projet pour notre société de production, Corazón International, que nous avions créée pour Head on. Nous avons tourné Crossing the bridge, et Soul Kitchen est resté dans un tiroir, même si nous avons continué à développer le scénario. »
Primé à Venise
Projeté en Compétition à la 66ème Mostra de Venise en septembre 2009, Soul Kitchen y a reçu le prix du Jury, présidé par Ang Lee.
1 court métrage :
3ème B, 4ème Gauche
de Stéphanie Vasseur
France | 2010 | 12′
Salomé, il n’y a que « ça » qui l’intéresse. Son voisin, Nicolas aussi, mais lui, il le fait ! Il le fait même avec plein de filles qu’il ramène dans leur immeuble. Salomé aimerait bien être une de ces filles…
Film sur un âge charnière, 3ème B, 4ème gauche, nous parle des préoccupations de Salomé, jeune fille espiègle tendance mouche du coche. Elle est encore un peu enfant mais déjà presque femme et fantasme « légèrement » sur Nicolas, son voisin. Stéphanie Vasseur a su capter ces instants fragiles où un entre-deux générationnel rend tout possible. Salomé pose des questions, séduit, affiche ses propres déductions, agace aussi. Sans le moindre voyeurisme, le film explore avec poésie ces moments plein de questionnements.
vendredi 20 janvier à 2012 21h :
le Ciné-Club fête ses 40 ans
La Rose Pourpre du Caire
de Woody Allen
avec Mia Farrow, Jeff Daniels et Danny Aiello
comédie | Etats-Unis | 1985 | 1h20 | couleurs | VOST
Cecilia mène une existence morne et tourmentée. Le cinéma est son seul refuge et sa seule évasion. Lors d’une projection, Tom Baxter, le héros du film La Rose Pourpre du Caire sort de l’écran et l’enlève…
Entre la magie du cinéma et les désillusions de la vie, Woody Allen nous montre l’ambiguïté du rapport entre l’écran et la réalité. C’est à la fois un hommage au cinéma et une critique du monde du cinéma. L’histoire de Cécilia a marqué et marquera tous ceux qui découvriront ce film merveilleux, loufoque, drôle et plein de poésie. Un chef-d’œuvre à voir et à revoir.
« La Rose Pourpre du Caire est apparu comme une véritable merveille d’intelligence, de tendresse, d’humour et d’équilibre. De la même façon que les rêves de la jeune femme incarnée par Mia Farrow entrent brusquement dans sa vie, l’évidence du génie de Woody Allen est venue bousculer certitudes et faux semblants. Davantage que l’originalité d’un thème auquel d’autres se sont déjà essayés, c’est ici la manière, le traitement, qui force l’admiration. La maîtrise, la sérénité auxquelles est désormais parvenu Woody Allen lui permettent d’imposer sa logique à une histoire qui par tout autre que lui aurait dû être contée avec le souci constant de fournir au spectateur la possibilité de se raccrocher à un semblant de réalisme.
Rien de tel ici et on se soucie bien peu de remarquer que les personnages quittent l’écran ou au contraire en demeurent prisonniers sans qu’une quelconque règle du jeu ait au préalable été établie. Il n’existe au départ aucun accord, aucun code, entre le film et le spectateur. Le récit est entièrement guidé, déterminé par le personnage, par ses rêves et ses phantasmes, qui deviennent réels, pour le spectateur et pour lui, sans qu’il soit jamais besoin d’apporter quelque précision que ce soit, l’extraordinaire liberté de ton dont le film est tout entier empreint faisant le reste. Et comme c’est au personnage que le film doit son unité et sa raison d’être, la prestation de Mia Farrow, si souvent mièvre et inexistante avant sa rencontre avec Woody Allen, est également déterminante dans le sentiment que donne le film d’être en mesure de pouvoir tout faire accepter au spectateur,au moment où l’auteur a décidé qu’il en serait ainsi.
Très loin du narcissisme d’un film comme Stardust Memories, Woody Allen poursuit dans la voie ouverte avec Broadway Danny Rose. Les intellectuels new-yorkais sont avantageusement remplacés par une petite serveuse de restaurant, pour laquelle le cinéma se confond un temps avec la vie. Jamais sans doute l’usine à rêves n’a aussi bien porté son nom et Woody Allen ne se prive pas de l’égratigner au passage, comme il le faisait déjà notamment dans Broadway Danny Rose. Le narcissisme est même de nouveau présent à travers le personnage de l’acteur, mais à aucun moment l’auteur ne force le trait. Le mari lui-même, dont on devine pourtant qu’il eût été facile, voire tentant, de faire une caricature, est livré pour ce qu’il est, sans exagérations ni détails superflus. Bien plus qu’à le mettre en accusation, lui et la société qui l’a fait tel, c’est à rendre hommage au cinéma et à sa magie, prise ici au sens initial du terme, que s’applique le film. Il n’est ainsi pas indifférent que Fred Astaire soit le dernier « en compagnie » duquel Mia Farrow est vue, sa valise inutile sur les genoux et des larmes plein les yeux. Woody Allen n’est en aucune façon dupe de son sujet, pas plus que ne l’est de ses rêves la petite serveuse. Tout s’arrête lorsque La Rose Pourpre du Caire est retirée de l’affiche et qu’un nouveau film, bien réel celui-là (il s’agit de Top Hat), lui succède. Fred Astaire et Ginger Rogers dansent « Cheek to Cheek » et l’écran redevient magique. »
Pascal Mérigeau / Revue du cinéma n°407 – Juillet / Août 1985.
1 court métrage :
En rachâchant
de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub
France | 1982 | 7′ | Noir et Blanc
Un petit garçon têtu et sérieux comme un pape derrière de grosses lunettes de myope ose affronter son professeur…
Jean-Marie Straub et Danièle Huillet interrogent depuis leurs premiers films le rapport entre l’image et le texte. Chacun d’eux se veut être la mise en scène la plus rigoureuse possible d’une œuvre littéraire appartenant au passé, de Corneille à Kafka en passant par Hölderlin et Pavese. En rachâchant est ainsi inspiré de « Ah, Ernesto », de Marguerite Duras, dont il reprend le personnage d’enfant, effronté, rebelle et, de fait, définitivement sympathique pour le spectateur. La modernité du film, superbement mis en image par Henri Alekan, réside dans la liberté dont fait preuve ce jeune Ernesto face à l’autorité des adultes et, au delà, à la rigidité de la société.
à l’occasion de cette soirée exceptionnelle, l’équipe du Ciné-Club de Vélizy-Villacoublay vous réserve quelques surprises…
vendredi 3 février 2012 à 21h :
Blue Valentine
de Derek Cianfrance
avec Ryan Gosling, Michelle Williams et Mike Vogel
drame romanesque | Etats-Unis | 2011 | 1h54 | couleurs | VOST
A travers une galerie d’instants volés, passés ou présents, l’histoire d’un amour que l’on pensait avoir trouvé, et qui pourtant s’échappe… Dean et Cindy se remémorent les bons moments de leur histoire et se donnent encore une chance, le temps d’une nuit, pour sauver leur mariage vacillant.
« On sort de salle extrêmement émus, en se demandant ce qui fait ou défait les couples et où l’amour se perd… Un beau film sur l’incommunicabilité » Brazil
« La force de Blue Valentine, outre une sincérité absolue, c’est sa construction : le film voyage sans arrêt du passé au présent, procède par échos, confronte la joie et l’espoir des débuts à l’amertume et aux regrets de la fin » Le Parisien
Faux départs pour Blue Valentine
Le réalisateur, Derek Cianfrance, a confié que le projet de ce film est né il y a onze ans et qu’il a été, à chaque fois, repoussé. Il a connu de nombreux remaniements de scénarios (57 versions ont été rédigées !) et des problèmes personnels sont venus s’ajouter aux difficultés de tournage. Le film, prêt en 2008, ne sort finalement qu’en 2010 suite au décès du compagnon de Michelle Williams, Heath Ledger. Finalement il a vu le jour grâce au soutien des producteurs. Le réalisateur affirme que cette lente maturation a permis de faire de ce long métrage, un « film adulte, vivant, vibrant. Nous avons fait le film que nous voulions faire. »
Un vieux de la vieille ?
Blue Valentine est le deuxième long métrage de fiction de Derek Cianfrance. Avant cela, il a réalisé plusieurs courts métrages parmi lesquels Five O’Clock Shadow et Raw Footage. En 1998, alors qu’il n’a que 23 ans, il s’attelle à son premier long et réalise Brother Tied qui reçoit de nombreux prix et qui est salué par The Guardian comme étant « l’un des films américains indépendants les plus frappants depuis longtemps ». Cianfrance s’aventure ensuite sur le terrain du documentaire où il explore un large éventail de sujets et de personnages à la fois pour le cinéma et la télévision. Il fait le portrait de quelques musiciens tels que Cassandra Wilson (2000), Mos Def (2002), ou encore Annie Lennox.
Peur enfantine
L’idée de Blue Valentine remonte à l’enfance de Derek Cianfrance qui a longtemps craint la séparation de ses parents : « Lorsque j’étais enfant, deux choses me terrifiaient plus que tout : la guerre nucléaire et le divorce de mes parents. » Malheureusement pour lui, cette angoisse s’est concrétisée à l’âge de 20 ans avec le divorce de ses parents. D’abord en colère, le réalisateur a tenté de comprendre la situation. Cette séparation ainsi que la longue gestation du projet ont nourri le scénario du film : « si j’étais célibataire au moment où j’en ai écrit la première ligne, je suis aujourd’hui marié avec deux enfants. J’ai donc pu expérimenter par moi‐même la vie à deux, ses moments de bonheur et de crise, que j’allais avoir à montrer. »
Les intermittences du cœur
Le film passe allègrement du passé au présent. La majeure partie des scènes est constituée de flashbacks qui nous plongent dans le quotidien d’un couple depuis leur rencontre, en passant par leurs déboires, jusqu’à la crise finale. Le réalisateur va plus loin en ajoutant que son long métrage se fonde sur la dualité rappelant ainsi le mécanisme de la mémoire et de la libre association : « Le film est construit sur une série de contrastes : homme/femme, amour/haine, lumière/obscurité, film/vidéo, etc (…) Je voulais que le film fonctionne comme la mémoire, avec le passé en guise de mémoire à long terme, et le présent comme mémoire à court terme. J’ai toujours été fasciné par les effets du temps sur l’expérience. »
Zoom sur le couple
La manière de filmer le couple à la dérive a été longuement étudiée par le réalisateur qui souhaitait refléter l’enfermement des deux êtres à travers le cadre de la caméra. Il rapporte: « Nous avons utilisé des objectifs à long foyer, pour obtenir des gros plans quasi asphyxiants. Nous voulions créer un monde étouffant fait de gros plans, de gestes, de visages et de sentiments, pour refléter (…) le poids des conséquences et du désespoir. » Michelle Williams et Ryan Gosling paraissent presque épiés et n’ont donc pas eu le droit à l’erreur !
L’âme d’un documentariste
Plusieurs éléments permettent de rapprocher l’esthétique de ce film à celle du documentaire ou du reportage. Tout d’abord, la démarche du réalisateur a consisté à filmer dans des lieux réels, existants: aussi le tournage des scènes dans une maison de retraite s’est-il déroulé dans une résidence médicalisée en Pennsylvanie tandis que les scènes de l’avortement ont été réalisées dans une vraie clinique attenante au planning familial. Le personnel a également contribué au tournage. Par ailleurs, le parti-pris esthétique du réalisateur dont la préférence s’est portée sur une image granuleuse plutôt que sur une photographie lisse, laisse penser que le cinéma-vérité n’est pas très loin. Le réalisateur justifie son choix : « Nous avons tourné sur pellicule super 16mm, avec des caméras mobiles équipées d’objectifs de 25mm. L’objectif était de donner au film un aspect « viscéral », fidèle au physique et à la jeunesse des personnages. »
1 court métrage :
Et si…
de Henri Liebman
France | 2008 | 7’44
Le temps d’une journée, le rôle des hommes et des femmes est inversé dans l’entreprise. Le film dénonce avec humour un scandale du quotidien…
Et si… traite des inégalités homme/femme perdurant dans la société française, et plus particulièrement dans le monde de l’entreprise, par le truchement de la fable fantastique. Ici, tout s’inverse soudain. Les rôles des hommes et des femmes sont redistribués. La hiérarchie, les rapports de pouvoir s’y retrouvent cul par-dessus tête. Retournement fantastique inexpliqué avant un cruel retour à la réalité. La démonstration n’y va pas par quatre chemins, mais le procédé a le mérite – servi par la distance amusée de Marilyne Canto et d’Antoine Chappey – de mettre en avant, par le choix du grotesque assumé, le scandale quotidien auquel beaucoup de Français ne prêtent même plus attention… Et si… traite des inégalités homme/femme perdurant dans la société française, et plus particulièrement dans le monde de l’entreprise, par le truchement de la fable fantastique. Ici, tout s’inverse soudain. Les rôles des hommes et des femmes sont redistribués. La hiérarchie, les rapports de pouvoir s’y retrouvent cul par-dessus tête. Retournement fantastique inexpliqué avant un cruel retour à la réalité. La démonstration n’y va pas par quatre chemins, mais le procédé a le mérite – servi par la distance amusée de Marilyne Canto et d’Antoine Chappey – de mettre en avant, par le choix du grotesque assumé, le scandale quotidien auquel beaucoup de Français ne prêtent même plus attention…
vendredi 17 février 2012 à 21h :
Festival Tex Avery
12 courts métrages d’animation
Etats-Unis | 1h25 | VOST
Frederic Bean Avery est né au Texas le 26 février 1908. Après avoir fait ses classes d’animateur chez Universal , il rejoint la Warner en 1935. Mais sa relation avec Leon Schlesinger, le directeur de la production de l’animation, le pousse à quitter la Warner pour rejoindre la MGM en 1942, l’une des premières compagnies hollywoodiennes. Celui qu’on appelle alors Tex Avery est à la tête du département d’animation et la série aujourd’hui mondialement connue Tom et Jerry voit le jour.
Fred Quimby, chargé de la supervision du département animation, laisse le champ libre à l’équipe de Tex Avery : « Il ne connaissait rien aux scénarios ou aux gags, ou à quoi que ce soit, et il en convenait », racontait ce dernier.
Installé à la tête du département d’animation, Tex Avery en profite pour composer une équipe artistique fiable, parmi laquelle on retrouve Scott Bradley pour les musiques, Rich Hogan et Heck Allen l’écriture des sujets et Preston Blair, Ray Abrams, Ed Love, et Walter Clinton pour ce qui est des animateurs, formés dans les meilleurs studios de l’époque.
Grâce à cette équipe d’animateurs chevronnés et à la grande qualité de l’animation, Tex Avery peut accélérer le rythme des cartoons et multiplier les gags. On peut d’ailleurs noter cette progressive accélération dans le cartoon Oiseau du matin, chagrin, puis dans Entourloupes et dans Mieux vautour que jamais, et enfin dans L’écureuil schtarbé.
Tex Avery s’amuse du scénario de Qui a trop faim ? et de la réaction du producteur : « Deux busards affamés qui essaient de s’entre-dévorer, c’était presque morbide. Cela aurait pu déboucher sur quelque chose de terrifiant ! Affreux ! Fred Quimby vomissait presque à chaque fois qu’il voyait le film ! », confiait-il, à l’époque.
En 1944, Casse-noisette et ses copains présente pour la première fois le personnage de l’écureuil fou, qui s’en prend à un autre écureuil, Sammy, qui semblerait tout droit sorti d’un dessin animé Disney. Ce film marque donc le fondement même de l’œuvre de Tex Avery : son combat contre Disney.
Dans Entre chien et loup, on découvre pour la première fois la rivalité entre le loup de Tex Avery et le chien Droopy pour une belle rousse aux formes avantageuses et à la voix enchanteresse qui ressemble à Mae West. Le cartoon regorge de gags plus drôles les uns que les autres, notamment lors de la course poursuite durant laquelle le cheval enlève ses sabots pour traverser la rivière par exemple…
L’écureuil fou revient dans Casse-noisette fait l’école buissonnière et décide d’aller à la pêche. L’animal s’acharne alors sur le chien parti à sa recherche et l’accumulation des objets avec lesquels il le frappe annonce le final du Noiraud porte-malheur. On retrouve aussi une autre point d’humour et d’ironie avec l’apparition du Grand Méchant Loup et du Petit Chaperon rouge qui se sont trompés de cartoon…
Dans Le putois amoureux, Tex Avery se moque férocement du physique maladif du chanteur Frank Sinatra puisqu’on y voit le putois, déguisé en crooner, recevoir une transfusion sanguine, de l’oxygène et chanter depuis un poumon d’acier pour séduire les jeunes demoiselles !
Dans Le gentil cordonnier, des petits lutins viennent en aide à un vieux cordonnier et font tous ses travaux en une nuit. Ce cartoon offre à voir une séquence de danse de chaussures impressionnante : la danse hollandaise de deux sabots, une danse mexicaine autour d’un sombrero, un numéro de music-hall, la danse d’une ballerine, une danse de fermiers et un strip-tease sur l’air de « Frankie and Johnny ».
Il est bon de rappeler que dans ce programme de 12 films (de 1943 à 1954) proposé par Les Grands Films Classiques, aucun n’a subi les foudres d’une censure stupide, qui sévit toujours dans les coffrets DVD Warner : The Cat that hated people, Screwball Squirrel, What’s buzzin’ buzzard, King size canary, The Peachy cobbler, The Flea circus, What price fleadom, Little Johnny jet, The Screwy truant, Little Rural Riding Hood, Droopy’s double trouble et Wild and Woolfy.
1 court métrage :
L’île aux fleurs
de Jorge Furtado
Brésil | 1989 | 12′ | documentaire
Nous suivons le parcours d’une tomate, depuis sa production dans la plantation de M. Suzuki, jusqu’à son point d’arrivée, décharge publique de l’île aux fleurs.
Véritable pamphlet, ce classique du cinéma dénonce l’économie de marché qui entraîne 22% de brésiliens vers la pauvreté et la famine. L’île aux fleurs, dès 1989, démontrait également les rouages et effets pervers de la mondialisation et de la surconsommation. Jorge Furtado utilise un ton faussement didactique et systématise ses répétitions. On pense à Mon oncle d’Amérique d’Alain Resnais, ce qui permet de créer un décalage salvateur car ni l’intelligence ni l’humour du film ne suffisent à faire oublier les images d’un épilogue qui laisse le spectateur sans voix : des femmes et des enfants de Porto Alegre admis à fouiller les détritus organiques d’une décharge, APRÈS le passage des cochons…
vendredi 2 mars 2012 à 21h :
Deep end
de Jerzy Skolimowski
avec Jane Asher, John Moulder-Brown et Karl Michael Vogler
drame | Grande-Bretagne | 1971 | 1h30 | couleurs | VOST
Mike vient de sortir du collège et trouve un emploi dans un établissement de bains londonien. Susan, son homologue féminin, arrondit ses fins de mois en proposant ses charmes à la clientèle masculine. Amoureux jaloux de la jeune femme, Mike devient encombrant.
On n’a pas pu oublier la rousseur de Jane Asher, alors compagne de Paul McCartney, dont la discrète sensualité embrase ce film froid et aquatique placé sous le signe de la désespérance. Aussi ludique (l’épisode célèbre du diamant perdu) que tragique (le final quasi shakespearien), cette chronique de l’Angleterre glauque des années soixante-dix, portée par la musique de Can et la ritournelle entêtante de Cat Stevens est l’un des plus beaux films de Jerzy Skolimowski, le meilleur réalisateur polonais, mais aussi l’un des rares à avoir apporté au cinéma britannique une vision presque sarcastique, grotesque de l’Angleterre, alliée à un sens du réalisme social. Ce conte dramatique sur le passage à la vie adulte témoigne également d’une exemplaire recherche plastique. C’est une espèce d’antithèse parfaite, presque à la Edward Hopper, de la série des piscines de David Hockney : au bleu céruléen de la Californie, Skolimowski oppose le vert sale de l’Angleterre ordinaire, puis fait in fine un emploi éclatant et expressionniste de la couleur rouge.
Et de 6 !
A sa sortie en 1971, Deep End était le sixième film de Jerzy Skolimowski.
Genèse
Jerzy Skolimowski nous raconte la genèse de Deep End : « Nous étions en 1969. Je venais de terminer, à Rome, le tournage de mon plus mauvais film : Les Aventures du brigadier Gérard. La postproduction de ce film avait lieu à Londres. Je louais un appartement à Kensington, au 73 Cornwall Garden. Au bout de quelques semaines passées à Londres, j’ai commencé à envisager Deep End. On m’a raconté une histoire vraie à propos de quelqu’un qui avait perdu un diamant dans la neige et qui avait dû faire fondre la neige pour le récupérer. Ce petit épisode possédait un certain potentiel. En quelques jours, j’avais écrit une dizaine de pages de notes, tout en polonais. À l’époque, je ne parlais pratiquement pas anglais, mais je suivais des cours auprès d’une jeune Polonaise installée à Londres et qui m’apprenait les bases de la langue. Elle m’a aidé à traduire mes notes et à les mettre en forme comme un scénario. Avec ces quelques pages, je suis allé voir un producteur américain relativement connu, Judd Bernard, qui avait fait de très bons films et vivait à Londres. Judd Bernard a lu le scénario devant moi et l’a trouvé très bon. »
Un voisin célèbre
Lorsqu’il entama l’écriture du scénario de Deep End, Jerzy Skolimowski avait comme voisin Jimi Hendrix.
Trouver le bon Mike
Pour le rôle de Mike, l’équipe du film a auditionné plusieurs douzaines de garçons. Jerzy Skolimowski se souvient : « À l’instant où John Moulder-Brown est entré dans la pièce, j’ai su que c’était lui. Il possédait un je-ne-sais-quoi dans sa façon de bouger, sa timidité, son comportement, qui m’a convaincu instantanément. Le personnage de Mike ressemble un peu au héros de l’un de mes films précédents : Le Départ. Jean-Pierre Léaud y jouait le rôle d’un jeune homme qui se cherche, pris dans les affres de l’adolescence. »
Amoureuse d’un Beatles
Lors du tournage de Deep End, Jane Asher avait pour petit ami un certain Paul McCartney.
Improvisation
A cause du manque de répétitions, les dialogues du film sont largement improvisés. « Lors du tournage, Diana Dors a improvisé le tiers, voire la moitié, de ses répliques. Et avec quel talent ! Grâce à son sens de l’humour et à sa générosité, elle s’est laissée diriger dans un registre que beaucoup d’actrices refuseraient, un registre presque grotesque. Ce sont ces improvisations, associées au fait qu’il n’y avait ni répétitions ni scénario fini, qui ont permis à Deep End de paraître si vivant. Cela a déterminé la forme même du film. Je jetais mes idées devant la caméra, j’accueillais les propositions et les solutions alternatives avec bienveillance. C’est à cause de ces choix instinctifs que le film paraît très leste, très libre. Il ne possède pas de lourdeur », confie Jerzy Skolimowski.
Un fantasme d’adolescent
Jerzy Skolimowski explique les raisons qui l’ont poussé à choisir Diana Dors, considérée comme la Marilyn Monroe anglaise, pour le rôle de la cliente : « Je dois avouer que sa participation est entièrement de mon fait. Jeune homme, je l’avais beaucoup admirée dans ses films des années 50. C’était littéralement une bombe sexuelle ! Elle était si belle, si sexy, si attirante, qu’elle m’avait laissé une sacrée impression. »
Problème de neige
Pour l’une des scènes principales du film, la neige devait tomber à gros flocons. Ce qui aurait pu être un processus compliqué, a finalement était plus facile que prévu. « Fin avril, j’étais de retour à Munich, prêt à tourner. Il n’y avait pas la moindre trace de neige. Le printemps s’était installé, les oiseaux chantaient et les feuilles des arbres étaient vertes. Nous avions prévu de commencer par l’épisode du diamant dans le jardin enneigé. Nous avions donc délimité une zone qu’il fallait couvrir de neige artificielle. Soudain, le matin du 27 avril, avec ma chance légendaire, j’ai vu qu’il se mettait à neiger ! Nous avons pu tourner toute la séquence avec de la vraie neige ! Si on regarde la scène de près, on se rend compte que la neige fond très rapidement. Nous avons tourné de 8 heures du matin à 4 heures de l’après-midi, quelque chose comme ça. À la fin de la journée, l’épaisseur de la neige diminuait entre chaque prise. Le film donne l’impression qu’on a vraiment tourné en hiver », raconte le réalisateur.
Tourner à Londres
Bien que Deep End se déroule entièrement en Angleterre, le film a largement été tourné à Munich. Pour des raisons évidentes, l’équipe du film a quand même dû s’envoler pour Londres durant quelques jours, comme l’explique Jerzy Skolimowski : « Il était important de filmer la façade extérieure des bains publics anglais, car l’architecture des bâtiments en Allemagne ne correspondait pas. Les seuls intérieurs que nous avons filmés dans les bains de Londres sont les scènes autour de la piscine. Nous avons aussi tourné, à Soho, toute la séquence qui a lieu dans la rue avec la devanture peinte en jaune. La scène du métro a dû également être tournée à Londres, pour des raisons évidentes. On voit dans cette scène l’obsession grandissante de Mike et le fait qu’il perd les pédales. Son comportement déraille, il nage en plein fantasme. En tournant cette scène, on ne savait pas jusqu’où ça irait ! »
Artiste dans l’âme
Jerzy Skolimowski est peintre, ce qui confère à son œuvre un style pictural très prononcé. Par exemple, dans Deep End, les couleurs sont volontairement criardes et la chevelure de Jane Asher, plus rousse qu’à l’accoutumée.
La musique
Jerzy Skolimowski n’a pas hésité une seule seconde lorsqu’il a eu l’opportunité de travailler avec Cat Stevens et Can. Le réalisateur raconte comment s’est déroulée leur collaboration : « J’ai rencontré Cat Stevens plusieurs fois à Londres et nous avons parlé du film. Il a composé la chanson-titre exprès pour Deep End. Je lui ai soumis l’idée des paroles « But I might die tonight » (« Je pourrais mourir ce soir »), et il les a brillamment intégrées ! C’est également lui qui a composé les petits intermèdes instrumentaux, ces morceaux presque accidentels. J’étais présent pendant l’enregistrement. Quant à Can, toute la séquence de Soho correspond à une longue piste de leur musique. Je crois qu’ils m’ont présenté plusieurs démos, peut-être seulement des ébauches, et j’ai choisi ce morceau-là, « Mother Sky », en leur demandant explicitement de rallonger la piste afin qu’elle dure pendant toute la séquence. »
Un film intemporel
En 2010, Jerzy Skolimowski s’est prononcé sur l’intemporalité du film : « En revoyant Deep End après tant d’années, je suis surpris par sa fraîcheur. Le film ne vieillit pas. Avant tout, nous avons bénéficié de beaucoup de chance, d’une bonne alchimie et d’un enthousiasme général. On était persuadés de construire quelque chose de particulier, de spécial. Je crois que je peux être très fier de ce film. »
Un « teen movie »
Selon le réalisateur Nicolas Saada, Deep End est un « film virtuose mais jamais poseur, sexy en diable, drôle et désespéré ». Une œuvre « au charme fou dissimule une puissance métaphysique qu’elle ne révèle que dans ses dernières images », affirme-t-il.
Cinéaste exilé
Comme son compatriote Roman Polanski, Jerzy Skolimowski n’a jamais vraiment habité en Pologne. A cause de la seconde guerre mondiale puis de la guerre froide, il a passé une grande partie de son existence exilé en Europe de l’Ouest et en particulier en Allemagne de l’Ouest et en Angleterre.
1 court métrage :
Love you more
de Sam Taylor-Wood
Grande-Bretagne – 2008 – 15′
Londres, été 1978. Pierre lance des regards à Giorgia. L’été 78, c’est aussi celui de la sortie du single « Love You More » des Buzzcocks…
En ces temps de revival rock, Love You More touche une corde sensible, nostalgique, empruntant son titre et son tempo alerte au groupe punk des seventies, The Buzzcocks. Le morceau « Love You More » (tout un programme !) est au cœur de ce film récompensé à Cannes en 2008, par le truchement du 45 tours rythmant les ébats de deux ados anglais dont le cœur de petits punks bat fort sous leurs uniformes scolaires. Réjouissant, tonique, Love You More rappelle aussi à quel point les morceaux de musique pop tracent les cartographies de bien des itinéraires sentimentaux, compagnons de route menant, souvent, de l’adolescence à l’âge adulte. C’est toute la subtilité de Sam Taylor-Wood, par ailleurs artiste-vidéaste, que de partir ici de l’anecdotique (une chanson, une chambre, un disque, un électrophone, un garçon et une fille) pour toucher à l’universalité du sentiment amoureux.
vendredi 23 mars 2012 à 21h :
Medianeras
de Gustavo Taretto
avec Pilar López de Ayala, Inés Efron et Carla Peterson
comédie | Espagne / Argentine | 2011 | 1h35 | VOST
Martin est phobique mais se soigne. Petit à petit il parvient à sortir de son isolement, de son studio et de sa réalité virtuelle. Il est web-designer.
Mariana sort d’une relation longue. Elle est perdue et confuse, à l’image du désordre qui règne dans son appartement. Martin et Mariana vivent dans la même rue, dans des immeubles l’un en face de l’autre mais ne se sont jamais rencontrés. Ils fréquentent les mêmes endroits mais ne se remarquent pas.
Comment peuvent-ils se rencontrer dans une ville de trois millions d’habitants ? Ce qui les sépare les rassemble…
« Entre l’imagerie d’un cinéma indépendant américain récent et une construction qui s’empare de la ville avec intelligence, Medianeras signale idéalement le talent d’un jeune réalisateur et le côté foisonnant et fortement générationnel de sa première œuvre » Excessif
« Drôle, rythmé, intelligent. Sans céder au montage épileptique, Gustavo Taretto use de toutes les formes, de la photo au dessin animé, pour nourrir son propos. Et le résultat est aussi riche que ludique » L’Express
Un mot sur le réalisateur
Medianeras est le premier long métrage réalisé par l’Argentin Gustavo Taretto. Il a exercé comme concepteur de publicités avant d’intégrer à l’âge de 34 ans l’école José Martinez Suarez, spécialisée dans les métiers du cinéma. Il a ensuite tourné 3 courts métrages d’études dont Las Insoladas, Cien Pesos et Medianeras. Son quatrième court-métrage, Hoy No Estoy, est présenté au Festival de Locarno, en Suisse. Il y reçoit le Léopard du Meilleur Court Métrage.
Titre et sous-titre du film
Le terme « medianeras » peut être traduit en français par l’expression « murs mitoyens ». Le sous-titre français du film annonce à lui seul l’enjeu et la problématique de l’œuvre de Gustavo Taretto : où trouver l’amour quand on ne sait où chercher ?
Medianeras le court métrage
Gustavo Taretto a déjà réalisé un film du nom de Medianeras (déjà présenté au Festival du Court Métrage de Vélizy-Villacoublay) dans le cadre de ses études cinématographiques à l’école José Martinez Suarez. Il s’agit d’un court métrage qui racontait déjà l’histoire de Martin et Marianna au cœur de la jungle urbaine, sous forme bien évidemment raccourcie. Javier Drolas y interprétait déjà le rôle qu’il tiendra dans le long métrage éponyme. Cette première version de Medianeras, tournée en 2006, a reçu plus de 40 récompenses internationales. S’il ne fallait en citer qu’une, ce serait le Grand Prix au Festival de Clermont-Ferrand.
Buenos Aires, source d’inspiration
C’est en observant la ville de Buenos Aires et sa population que Gustavo Taretto a eu l’idée de tourner Medianeras. Autre source d’inspiration, une citation de Luis Martin-Santos, écrivain et psychiatre espagnol de la première moitié du 20ème siècle: « Un homme est à l’image d’une ville et la ville à l’image de ses habitants. »
Récit urbain et architecturé
Medianeras a été imaginé comme un conte urbain. Gustavo Taretto a voulu proposer un regard décalé et humoristique du quotidien dans les grandes métropoles. Il a organisé son récit autour de quatre piliers, comme en architecture. Ces quatre piliers sont les quatre saisons calendaires.
Illusoires rencontres
Les deux personnages principaux de Medianeras accumulent les rencontres qui n’aboutissent jamais. Gustavo Taretto explique ces échecs successifs: « C’est un peu comme des éléments qui s’emboîtent parfaitement l’un dans l’autre pour créer une machine bien huilée. Mais quand les engrenages sont finalement lancés, il n’arrivent tout simplement pas à s’accorder. Il faut donc continuer à chercher la pièce manquante, la personne qui est faite pour vous. Mais comment y arriver avec tous ces obstacles ? ».
Diffusé et primé
Médianeras a été projeté lors de la 61ème édition du Festival de Berlin. Il a obtenu le Prix du Public dans le cadre des Rencontres d’Amérique Latine qui se sont tenues à Toulouse.
1 court métrage :
Saving Mom and Dad
de Kartik Singh
France | 2007 | 14’55
Ravi, huit ans, vit aux Etats-Unis et va à l’école. On lui apprend que ce n’est qu’à travers Jésus qu’on peut aller au paradis. Ses parents sont Sikhs. Problème.
Elevé dans la tradition sikh, Ravi, huit ans, subit l’influence de son professeur M. Maxwell, un baptiste évangéliste, qui sensibilise les écoliers à la religion à coups de chants liturgiques et d’assertions menaçantes. Si ses camarades ne semblent pas remettre en question l’enseignement doctrinal, Ravi est forcé de s’interroger : non protestants, ses parents risquent-ils d’aller en enfer ? De l’angoisse naît le doute ; du doute, la réflexion. Film sur l’éveil et l’affirmation de soi, Saving Mom and Dad, est une louange à la tolérance et à la liberté de choix, brillamment interprétée par un jeune comédien.
vendredi 30 et samedi 31 mars 2012 à 20h30 :
25ème édition du Festival du Court Métrage de Vélizy-Villacoublay
organisé et animé par le Ciné-Club de Vélizy-Villacoublay
produit par l’Onde, théâtre et centre d’art de Vélizy-Villacoublay
vendredi 30 mars à 20h30 : Courts de fête
A l’occasion de cette 25ème édition, le Festival se la joue « soirée de prestige » : hommage au cinéma, trésors de cinémathèque, bijoux étrangers, courts insolites, « best of » et surprises en tout genre. C’est un marathon fugace, une rétrospective condensée, un culte fugitif, une révérence lapidaire, un témoignage spontané, une rétrospective rapide et vivante. Bref, une soirée pour les cinéphiles et les curieux, les enfants et les parents. Une soirée pour tous les publics.
samedi 31 mars à 20h30 : Compétition Nationale
| soirée présidée par le cinéaste Patrice Leconte
| 12 films français en compétition pour le Prix du Public et le Prix du Jury
| comédie, drame, fantastique, animation, insolite, burlesque et action
| projection en présence des cinéastes et d’un jury de professionnels
| palmarès communiqué en fin de soirée
« Il est toujours difficile de savoir se renouveler et de satisfaire la curiosité du public. Cette édition spéciale a la prétention de vous étonner encore par la richesse du format court, qu’il soit français ou étranger, ancien ou récent. En résumé : ce festival fête le court dans tous ses états ».
Didier Albessart, responsable du Festival du Court Métrage de Vélizy-Villacoublay
tarifs uniques :
| la soirée : 10 € / forfait 2 soirées : 15
| adhérents fnac : 9 € et 13 €
| réservations conseillées à l’Onde (01 34 58 03 35) et à la fnac
coproduction :
l’Onde, théâtre et centre d’art de Vélizy-Villacoublay, avec le soutien de la ville de Vélizy-Villacoublay, du Conseil Général des Yvelines et de TVFIL 78
| le vendredi 13 avril à 21h
| le vendredi 11 mai à 21h
| le vendredi 1er juin à 21h